Déchets nucléaires
Avec l’installation du Centre Industriel de Stockage Géologique (CIGEO) à Bure, dans la Meuse, la Lorraine a été désignée pour stocker et enfouir les déchets radioactifs de la France entière.
Le Groupe BLE Lorraine ne peut pas tolérer que la Lorraine devienne la poubelle nucléaire de la France. Nous avons donc entamé une action militante pour sensibiliser le grand public, les élus et les décideurs de ce danger qui menace aussi bien la santé des Lorrains (irradiations, cancers, etc.) que les paysages et la biodiversité de notre province, ainsi que sa capacité à exploiter des énergies responsables et durables comme la géothermie, puisque ses sols et ses sources seront contaminés.
Le renouveau et la revitalisation de notre territoire ne peut en aucune manière passer par l’enfouissement de déchets nucléaires, dont la technologie est loin d’être maîtrisée.
Dans cette optique, le Groupe BLE Lorraine soutient la Fédération Grand Est Stop Déchets Nucléaires. Dans le cadre de ce partenariat, vous trouverez ci-dessous une étude accablante sur les déchets nucléaires en Lorraine, généreusement fournie par cet organisme.
Enquête déchets nucléaires Bure
Consulter nos articles le centre de stockage de Bure :
Avis Autorité Environnementale projet CIGEO Bure
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Second accident mortel chantier Bure
Coulisses d'un mensonge organisé
Abandon débat parlementaire CIGEO
Conclusions Commission citoyenne
Déchets nucléaires ou l’éternité empoisonnée
Primé à de nombreuses reprises, Info Eternity est un film réalisé par Michael Madsen. Il évoque les questions, les enjeux et les problèmes du site d’enfouissement des déchets nucléaires finlandais. Comparable à la poubelle radioactive de Bure, cette nécropole souterraine, creusée à 500 mètres de profondeur, recèlerait une face délibérément cachée.
Il faut dire que le nom donné par les Finlandais à ce cimetière souterrain est sans équivoque : « Onkalo », ce qui signifie la cachette en finnois. Autrement dit, une appellation en forme de message subliminal qui reflète bien l’intention partagée par tous les docteurs Folamour des pays nucléarisés. Plus révélateur encore, la Belgique a donné le nom de « HADES » à son site, ce qui renvoie directement aux Enfers de la mythologie grecque. Au sujet de Bure, la France s’est quant à elle très longtemps retranchée derrière le pseudonyme de « laboratoire », avant que l’ANDRA (Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs), promoteur de la poubelle nucléaire souterraine, ne lance une improbable appellation : « Cigéo ». Un mytho peut en cacher un autre.
Car il s’agit tout de même d’une décharge radioactive démesurée creusée pour y déposer les pires déchets que l’homme n’ait jamais produits. Des poisons dont la radioactivité reste mortelle sur des temps invraisemblables, sur 6 000 générations au bas mot. Néanmoins, il se pourrait bien que la curiosité des générations à venir n’ait pas à s’exercer. L’exemple français est un cas d’école. En effet, l’eau constitue le pire ennemi d’un stockage nucléaire souterrain. En dégradant les fûts, cette dernière se gorge de radioactivité et véhicule le poison au gré des déplacements des nappes phréatiques. Une équipe de scientifiques indépendants a dernièrement tiré la sonnette d’alarme : le sous-sol de Bure est gorgé d’eau et strié d’une multitude d’anciennes failles verticales que les séismes vosgiens tout proches pourraient rouvrir, conduisant très rapidement les eaux dans le stockage souterrain. Ce risque majeur est d’autant plus sérieux que le creusement d’une poubelle transformerait la zone souterraine en un véritable gruyère. Un chiffre longtemps tenu secret parle de lui-même : la longueur des galeries et autres alvéoles avoisinerait les 200 km, tant les masses de déchets nucléaires s’accumulent.
Comment interpréter le fait que dans le pays qui se déclare à la face du monde comme celui des droits de l’homme, l’avis des populations soit aussi superbement ignoré ? Comme si seuls quelques scientifiques et élus, c’est-à-dire une fraction infime de la société, s’étaient arrogés le pouvoir de décider pour tous et pour des millénaires. Fait quasi unique dans l’hexagone, les populations de Lorraine et de Haute-Marne ont elles-mêmes lancé une pétition pour demander un référendum local.
Résultat : 45 000 signatures … balayées d’un coup de main par les autorités !
Bure, c’est quoi ?
Dans les entrailles de Bure, l’ANDRA développe depuis 1998 un projet controversé de tombeau des déchets radioactifs les plus dangereux produits en France par le nucléaire civil et militaire. L’idée est de les stocker sous un polygone de 15 km², à cheval sur quatre communes meusiennes : Mandres-en-Barrois, Bonnet, Ribeaucourt et Bure.
Ce centre de stockage devrait être mis en service en 2025. Il devra confiner pendant des siècles 100 000 mètres cube de déchets nucléaires à Haute et Moyenne Activité radioactive et à Vie Longue (HA/MA-VL) à 500 mètres sous terre. Ces déchets sont composés de produits de fission (césium 134 et 137, strontium 90), mais aussi de résidus liés au fonctionnement des installations nucléaires françaises. Les HA/MA-VL émettront pendant des dizaines de milliers d’années entre 100 000 et 10 milliards de becquerels (Bq) par gramme. Les dépôts seront surveillés pendant 100 ans à compter de la date du premier enfouissement, puis ils seront scellés pour une durée indéfinie. Ces dépôts sont censés rester hermétiques pendant 100 000 ans au moins, après quoi la radioactivité des déchets ne devrait pas être plus élevée que celle émanant de l’environnement naturel.
En collaboration avec 80 autres laboratoires de recherche, l’ANDRA développe à Bure des systèmes de conditionnement et d’entreposage qu’elle veut croire d’une sûreté absolue. Dans un kilomètre de galeries, des milliers de mesures sont effectuées chaque jour par des centaines de capteurs pour évaluer l’imperméabilité de la roche, la vitesse d’infiltration des fluides et les barrières techniques susceptibles de ralentir celle-ci, voire de l’empêcher. Acier, béton et verre sont parallèlement testés pour l’emballage des « colis » de déchets radioactifs. La France devra stocker 50 700 mètres cube de déchets HA/MA-VL en 2025 et 56 100 mètres cube en 2030.
Ces expérimentations ont évidemment un coût : 100 millions d’euros par an réglés selon un principe pollueur-payeur inscrit dans la loi par EDF (80 %), le groupe nucléaire public Areva (15 %) et le Commissariat à l’Energie Atomique (5 %). Mais cela n’est rien au regard des 15 milliards d’euros nécessaires pour le Cigéo. Ce coût pourrait même dépasser les 35 milliards d’euros pour tenir compte de nouvelles normes de sûreté.
Le site de Bure est actuellement composé d’installations en surface (locaux administratifs, ateliers, laboratoires et bâtiment d’accueil du public), sur une superficie d’environ 17 hectares, ainsi que de plus de 1 km d’installations souterraines situées à 445 mètres et à 490 mètres de profondeur, dont il est prévu de doubler la taille. Le site d’enfouissement se situera à 3 km de là.
La résistance s’organise
Sur les 3 115 communes du Grand Est présélectionnées d’office, à peine 42, soit 1,35 % du total, avaient émis un avis positif, afin d’autoriser l’ANDRA à mener des investigations géologiques plus approfondies. L’Agence faisait miroiter à ces communes rurales pauvres la création d’environ 150 emplois et une importante manne financière et économique. Mais les régions et les Etats limitrophes de la Lorraine exprimèrent à plusieurs reprises leur crainte de voir notre province devenir une terre à fort risque nucléaire. Entre la centrale nucléaire de Cattenom et ses 4 réacteurs au Nord, celle de Chooz dans les Ardennes à 150 km à l’Ouest de Longwy et celle de Fessenheim en Alsace à 140 km à l’Est d’Epinal, les possibilités d’échappatoire en cas de scénario catastrophe sont rares. D’autant plus qu’avec le futur Centre d’enfouissement des déchets radioactifs à vie longue dans le Sud de la Meuse, les Lorrains seront complètement cernés. L’étau nucléaire se refermera alors définitivement sur la Lorraine. Et ce ne sont pas les récents accidents nucléaires qui vont nous rassurer. C’est pourquoi les communes qui étaient initialement intéressées par le projet se sont rétractées pour éviter d’être stigmatisées de « village fantôme de l’atome ». Face à ce cuisant échec, l’ANDRA est revenue à la charge et le Centre de stockage radioactif a atterri à Bure, dans un endroit où la contestation générale ne serait pas difficile à mâter.
Pourtant le conseil municipal de la commune de Bonnet, non loin de Bure, s’est prononcé à l’unanimité contre les dessins de l’ANDRA. Cette décision courageuse est exemplaire car cette commune de 217 habitants est située dans la ZIRA (Zone d’Intérêt pour la Reconnaissance Approfondie). Elle perçoit à ce titre des subventions à hauteur de 500 euros par habitant et par an. Le maire de Bonnet, qui soutient la pétition lancée dans le village pour demander l'organisation d'un référendum local, ne désespère pas de parvenir à empêcher le stockage souterrain des déchets radioactifs, même s’il sait que nombre de ses homologues risquent d’être corrompus par l’ANDRA. En effet, malgré le soutien de son conseil municipal, il reste isolé parmi les élus du secteur. Selon lui, « contrairement à ce que nous raconte l’ANDRA, le dossier n’est pas mûr. Mais le débat est clos avant même d’avoir eu lieu : l’enfouissement est devenu la solution unique ». Opposé sur le fond, l’édile dénonce tout autant la méthode des pouvoirs publics qu’il juge suspecte : « Je n’ai jamais vu des entreprises débarquer avec des valises de billets pour faciliter leur implantation. En général, c’est l’inverse qui se produit ». « Acheter ainsi les consciences, c’est trop facile », soupire celui qui fustige aussi les rivalités exacerbées au sein de la communauté des 19 communes du Val d’Ornois, entre celles qui bénéficient des aides financières et les autres.
Enfin, accepter que les déchets de la France entière soient stockés à Bure, c’est accepter la possibilité que Paris fasse du business nucléaire avec d’autres pays pour enfouir leurs déchets en Lorraine.
Le Groupe BLE Lorraine appelle par conséquent chaque Lorrain à résister encore et toujours, afin de préserver l’avenir de notre belle province et de ses générations futures.
Commentaires (23)

- 1. | 17/08/2017

- 2. | 06/08/2017
Comme l’IRSN, l’ASN estime que « la recherche de la neutralisation de la réactivité chimique des colis de déchets bitumineux doit être privilégiée ». En effet, ces risques d’incendie exothermiques ont déjà été identifiés depuis longtemps sur ces colis confectionnés entre 1960 et 1990 et représentant 18 % du volume total de déchets amenés à être stockés de manière « réversible » dans le sous-sol meusien.
L’ASN souligne également d’autres failles concernant l’architecture du stockage, le dimensionnement de l’installation face aux agressions, la surveillance de l’installation et la gestion des situations post-accidentelles.

- 3. | 23/07/2017

- 4. | 17/07/2017
L’IRSN conclut qu’il est donc « nécessaire pour l’ANDRA, en relation avec les propriétaires des déchets, d’étudier la possibilité d’un prétraitement destiné à neutraliser la réactivité thermique des enrobés ou, à défaut, de revoir significativement les concepts, afin d’éliminer la possibilité qu’un incendie puisse se propager dans l’alvéole de stockage. A cet égard, les travaux que devrait conduire l’ANDRA sur ces sujets pourraient avoir un impact sur le contour de la demande d’autorisation de construction (prévue en 2018) ou les délais associés ».

- 5. | 31/05/2017